Peux-tu nous parler de ton projet « ?
J’ai d’abord capturé le côté fantastique et étrange du quotidien avec la série en noir et blanc « Kafka sur la Ville », commencée en 2016.
Puis j’ai découvert la couleur avec Harry Gruyaert , Alex Webb et Joel Meyerowitz . J’ai commencé la série « Paris Color » que je complète et affine progressivement.
Je ne suis pas un photographe pressé. Je préfère prendre mon temps et créer des séries sur plusieurs années. Cela permet de les faire évoluer, d’affiner son regard, rien n’est figé.
Quel matériel utilises-tu ?
Depuis le début de mon apprentissage en autodidacte, j’ai choisi de travailler avec un petit boitier, léger et discret, en focale fixe.
Pas de zoom qui te fait « camper sur place » il faut danser comme Bresson, vive les pieds !
Le fait d’utiliser une focale fixe permet aussi d’acquérir des automatismes de cadrage, d’être plus rapide et meilleur observateur, que ce soit en street photography ou bien en reportage d’ailleurs.
J’ai débuté avec la marque Fuji, un peu grâce à Éric Bouvet qui utilisait ces petits appareils hybrides.
Je suis très attaché à l’ergonomie de la série XT avec ses molettes iso, vitesse , ajustement d’exposition. Sans entrer dans un menu on peut d’un coup d’oeil tout régler rapidement.
Le confort du large viseur numérique central est aussi primordial.
Actuellement pour le reportage j’utilise en duo le Fuji XT2 et XT3 avec les focales équivalentes plein format 24mm, 35mm et 50mm.
Pour la street photography, j’utilisais à mes débuts un Fuji XT1 et X100T , puis le XT2 et ensuite
son successeur le XT3.
Mais au printemps dernier, maîtrisant mes boitiers Fuji, j’ai voulu tenter une nouvelle expérience avec la marque Leica et ses télémétriques. Une sorte de rêve de gamin… J’ai donc acquis d’occasion un M Type 262 accompagné d’un Voigtlander Ultron F1.7/35 mm. Depuis, je n’utilise que ce duo pour shooter dans la rue et compléter ma série « Paris Color ».
Une particularité technique ? Ou un exemple de réalisation photo ?
En street photography il faut être patient. On peut passer une journée sans avoir de photo vraiment forte, comme parfois avoir de la chance en 45 minutes, mais la chance ça se provoque…
Ici en fin d’après-midi au pied de la place du Palais-Royal après avoir marché 20 minutes sous une belle lumière de septembre, je repère ce couloir lumineux au sol.
Je regarde ce que ça pourrait donner en terme de cadrage en faisant quelques photos en
tournant autour de ce rayon. Après avoir trouvé le meilleur emplacement, j’expose sur les hautes lumières et fait ma mise au point télémétrique en repérant une marque au sol.
Maintenant il n’y a plus qu’à attendre que des personnes rentrent dans ce rayon.
Après 20 minutes de surplace et presque l’envie de partir, enfin quelque chose se passe. Une femme en jaune très élégante entre dans la lumière.
Pour suivre Hervé Chatel :
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