Apres le test du Canon EOS 200d par Zoé, parlons photo chez Prophot avec Julien Dumas, photographe, autour de quelques questions.
Bonjour Julien, peux-tu nous parler de ton projet ?
Ma dernière série « Lost in » s’apparente plus à un exercice de réalisation, j’envisage ce travail comme une suite de courts métrages. Le processus de création est d’ailleurs très similaire à celui utilisé pour un film. L’idée avec ce travail est de créer des scènes, sorte de compositions où je viens ajouter personnages, décors, accessoires, figer un instant où l’on ne sait si l’action vient de se dérouler ou si elle va démarrer… Cela permet d’imaginer un avant / après. J’affectionne particulièrement le crépuscule, ce moment où tout bascule, à la croisée de deux univers totalement différents – je dirais que c’est l’instant qui décrit le mieux mon univers – un moment charnière où l’imagination est la plus importante. Mon but avec ce travail est de donner aux spectateurs des indices qui leur permettront de créer leurs propres histoires – je ne souhaite pas imposer ma vision – juste réunir un certain nombre d’éléments pour que chacun ait sa propre perception de la scène.
Quel matériel utilises-tu ?
Aujourd’hui je travaille avec différents boitiers, j’ai la chance d’avoir plusieurs partenariats avec de grandes marques (telles que Leica, Hasselblad…). J’affectionne tout particulièrement leurs gammes moyen format numérique. (Leica S, H6D…) Le moyen format me permet d’obtenir un maximum de finesse et de détails dans mes tirages. Ensuite tous les artifices sont bons ! Recréer une scène de pluie en arrosant le sol, louer un school bus à Miami, immobiliser un taxi New Yorkais dans l’Upper West Side… Tous ces éléments renforcent l’intensité de l’image en lui donnant une direction particulière. Un véhicule, un type de vêtement, des accessoires, tout cela va ancrer notre scène dans une époque précise. Concernant l’éclairage des scènes, je me sers exclusivement de lumière continue. Cela me permet de modeler facilement la scène comme je le souhaite. Je m’entoure généralement d’une équipe assez complète sur ces réalisations – personnages, assistant scénique, assistant lumière…
Comment es-tu arrivé à la photographie ?
J’ai découvert la photographie un peu par hasard, fin 2009. Je visitais une rétrospective sur le travail de Richard Avedon à New York – je pense que le déclic est arrivé à ce moment-là. J’ai été fasciné par ses images de mode des années 50/60, par la force de leur contraste ! De retour à Paris, j’ai commencé à travailler sur l’humain. Ma première source d’inspiration a été la neutralité, à la recherche de l’inexpression. Je cherche à créer une certaine interactivité avec la personne qui regarde mes images – donner quelques clefs, quelques indices pour que le spectateur puisse façonner sa propre histoire. Je ne me considère pas vraiment comme photographe, j’aime l’interactivité, je m’oriente d’ailleurs de plus en plus vers de l’installation. Amener du volume en intégrant par exemple de véritables « figurants » humains lors de mes vernissages.
Quels Photographes t’inspirent ?
J’apprécie beaucoup le travail du photographe Edward Hopper. Ces scènes isolées de l’Amérique des années 50, presque hors du temps, les interactions entre les personnages à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments, ses personnages… Un univers qui me plait énormément. D’autres photographes ont été ou sont des sources d’inspiration pour moi… Kimiko Yoshida, Erwin Olaf, David Hockney et plus récemment Grégory Crewdson, avec qui j’ai le plaisir de beaucoup échanger.
De façon générale les Etats-Unis sont une énorme source d’inspiration pour moi, les infrastructures, l’architecture… Cela vient sans doute de ma culture séries TV des années 80.
Merci beaucoup Julien d’avoir échangé avec nous !
Retrouvez l’intégralité de son travail ici :